Arkoun

Citations de Mohammed Arkoun

Citations de Mohammed Arkoun, philosophe et historien Algérien (1928-2010)

Mohammed Arkoun et la question du voile

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« Aujourd’hui, l’islam est devenu une idéologie ravageuse, et un discours d’aliénation collectif. »
Mohammed Arkoun, philosophe et historien Algérien (1928-2010).

Conférence à Rabat (Maroc 2007)

« En fixant fortement ses adeptes à un infantilisme psychique et en leur faisant partager un délire collectif, la religion réussit à épargner à quantité d’êtres humains une névrose individuelle . »
In Malaise dans la civilisation.

Sigmund Freud, psychanalyste et , philosophe (1856-1939)

 

 

« Ainsi, aux égoïsmes culturels des uns répondent les imprécations des autres. C’est dans ce cadre polémique que le Coran est brandi comme dernière articulation de la Parole de Dieu pour abolir les parties falsifiées des précédentes manifestations et porter à la perfection la seule Religion vraie agréée désormais par Dieu, donc seule universelle englobant les mondes et les êtres créés. Ainsi s’exprime le Coran lui-même, créant par là les bases des théologies futures comme systèmes de pensée d’exclusion réciproque, puisque les traditions juive et chrétienne rejetteront de la même façon les prétentions coraniques. Nous voilà embarqués dans les polémiques et les guerres récurrentes jusqu’à nos jours.
Chaque communauté interprétante lèvera son étendard pour conduire la guerre sainte contre les ennemis de « Dieu », négateurs de la religion vraie (Din al-Haqq). Il faut à tout prix garder le monopole de la Parole de Dieu authentifiée pour, promouvoir les « Écritures saintes » au rang de document témoin de la conscience universelle. »

In LectureS du Coran, (Éditions Sédia 2016).

 

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La distinction entre autorité et pouvoir n’est pas accessible aux acteurs sociaux les plus engagés dans le discours fondamentaliste militant. On a vu récemment sur les plateaux de télévision des femmes de tous âges se présenter ensevelies sous un voile noir total et braver avec une assurance condescendante des ministres, des personnalités académiques, des magistrats, des citoyens compréhensifs au nom du droit imprescriptible d’obéir aux injonctions de sa religion : l’islam. L’islam, c’est le Coran ; le Coran, c’est la Parole de Dieu. Et la foi ainsi articulée échappe à tout contrôle politique, juridique, social, hormis celui de la shari’a qui, dans cette équation simpliste qui construit la foi, prescrit explicitement la burqa. On notera que le premier point d’appui de la chaîne de l’ « autorité », c’est l’islam, c’est à-dire la partie strictement historique, sociale entièrement dépendante de la construction sociale de toute réalité mentale, symbolique ou matérielle. Dans la chaîne inductive, la Parole de Dieu intervient en dernier comme une résultante de l’islam, alors que dans l’économie du discours coranique, elle est l’enjeu premier dont va découler la construction sociale de la croyance nommée foi pour mieux défier la prétention des législateurs à vouloir s’immiscer dans les Commandements de Dieu.
Le grand paradoxe qui frappe chaque observateur de semblables scènes télévisées en Europe, c’est de mesurer à quel point le dogmatisme littéraliste le plus pervers pour la saine raison parvient à fasciner le législateur ou le citoyen démocratiques au point de devoir renoncer à une loi sur la burqa. Le problème est de savoir pourquoi les révolutionnaires français et anglais des XVII-XVIII siècles n’ont pas eu la même patience, la même prudence devant les postures dogmatiques de l’Église catholique. Ils ont passé outre jusqu’à imposer la séparation des instances du religieux et du politique. La vérité est qu’aucun responsable politique en Europe élu pour légiférer souverainement ne peut s’aventurer dans le débat théologique profond avec des musulmans qui sont pourtant aussi démunis qu’eux pour conduire avec les compétences indispensables un tel débat. Alors, les protagonistes n’ont plus qu’à rester enfermés dans la polémique, la passion, l’exaspération, le rapport de forces et au final le discrédit et les disqualifications au niveau national et international. C’est bien ce qui s’est passé en France avec la loi sur le port des signes religieux à l’école. Voilà pourquoi la stratégie de harcèlement de l’islamisme militant rebondit avec la burqa, Et Allah comme le Coran dans tout cela subissent les avanies d’une histoire livrée aux affrontements récurrents de régimes politiques englués dans la gestion quotidienne de tragédies humaines souvent programmées par les heurts de leurs volontés de puissance contradictoires et surtout indifférentes aux enseignements des penseurs et chercheurs pour qui la quête de sens doit accompagner tout acte de gouvernance.
Dans une littérature très répandue sur le retour des religions dans une Europe qui pensait en être sortie, on ne trouve pas ce genre d’analyses qui ramènent l’attention sur les grands enjeux permanents de la confrontation entre les faits religieux et les volontés politiques dans l’histoire des sociétés humaines. Beaucoup d’observateurs se laissent fasciner par la multiplication des mosquées, l’afflux massif des fidèles dans les lieux de culte pour chaque prière, la fréquentation des lieux de pèlerinage, la volonté d’obéir aux injonctions de la Loi divine, même quand elles sont obsolètes par rapport aux avancées du droit moderne, les grands succès de librairie de bien des essais superficiels et apologétiques sur le Coran et l’islam. Il y en a qui s’autorisent à voir dans tout cela une <renaissance » de l’Islam avec majuscule, de son expansion, de son efficacité révolutionnaire », des signes forts de retour du divin, de revanche du sacré et de Dieu lui-même, si malmené en Occident depuis le XVIII siècle. On notera l’origine nettement occidentale de ces expressions, contrebalancées, il est vrai, par des réactions hostiles qui voient dans ce retour tapageur une menace d’autant plus réelle qu’elle se traduit par des actes terroristes répétés à travers le monde.
Les musulmans puisent, cependant, fierté et surcroît de confiance dans la force de soulèvement d’une religion qui met en échec les théories conquérantes de la rationalité occidentale. La demande idéologique de l’Occident en crise rencontre ainsi une demande équivalente des sociétés musulmanes en lutte contre le sous-développement et les nouvelles formes de domination. Cette connivence inavouée dans la manipulation de valeurs intellectuelles, spirituelles et morales à des fins politiques et économiques a des conséquences particulièrement graves du côté islamique : les dommages y sont à la mesure de la précarité de la vie intellectuelle, des timidités dans la créativité culturelle et artistique, de l’oubli de l’impératif moral dans la relation aux autres, de la méfiance des régimes politiques devant les progrès de la recherche et de l’enseignement des sciences de l’homme et de la société, de la confusion mortelle entre l’efficacité de fait de la violence politique sous la figure du terrorisme et la richesse spirituelle intrinsèque aux enseignements d’une religion qui ne cède jamais à l’écrasement du sujet humain par la violence destructrice de toute morale.
Dans le confusionnisme sémantique et la quasi-absence de toute conceptualisation éclairante des situations vécues qu’on vient d’analyser, on ne peut s’attendre à ce que le Coran sollicité de toutes parts, lu, cité et manipulé par tous les acteurs sociaux quels que soient leur niveau de culture et leur compétence doctrinale, devienne plutôt l’objet d’interrogations neuves et exigeantes pour dépasser ses asservissements à de basses besognes. Le terme « réforme », isläḥ, longtemps prôné comme un recours par des esprits audacieux et éclairés comme Muḥammad ‘Abduh (m. 1905), est sorti des esprits et rendu obsolète par l’idéologie de combat assignée comme fonction première à l’islamisme militant. L’appel à la révolution socialiste arabe dans les années 1950-1960 sous Nasser et Boumediene en Algérie, puis à la révolution islamique sous la « direction du docteur éclairé de la Loi divine» (wilayat al-faqih, innovation conceptuelle de Khomeiny), a très vite montré ses limites mensongères et sa force d’annulation de toute espérance politique et a fortiori spirituelle.

Mohammed Arkoun, in LectureS du Coran, p 31-34 ( Editions Sedia, Alger 2016)

 

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La pensée et la culture d’expression arabe s’épuisent à reproduire ou à commenter maladroitement des modèles, des idées, des œuvres qui viennent d’Occident. On mobilise non pas une pensée islamique créatrice, libératrice, mais un islam politique d’essence idéologique pour « islamiser » la modernité. Ce faisant, on confond régulièrement les attributs intellectuels et scientifiques de la modernité et les conforts divers de la modernisation de la vie matérielle. Ce phénomène est massif et touche toutes les sociétés qui n’ont jamais participé aux combats intellectuels conduits par les philosophes depuis les XVII-XVIIIe siècle en Europe pour rendre possible le passage des cadres de pensée de la théologie politique à ceux de la philosophie politique. Les États post-coloniaux aussi bien que les élites intellectuelles qui les ont soutenus ont cru faire l’économie de ce parcours historique de la pensée qui a nécessité le recours à des révolutions violentes et à des affrontements continus entre le Magistère catholique de l’Église et celui émergent de la pensée bourgeoise laïcisante, critique, calculatrice, empirique. Quand les sociétés colonisées ont accédé à l’indépendance politique, elles ont été entraînées dans l’idéologie du développement économique et social, alors que la construction des États, la diffusion de la culture scientifique, politique et juridique qui soutiennent l’expansion du capitalisme libéral demeuraient des tâches immenses sans les acteurs habilités pour les conduire avec succès. En Algérie, par exemple, on s’est lancé avec euphorie dans l’industrie industrialisante pour s’assurer non seulement l’autonomie à l’égard de l’Europe, mais pour concurrencer le capitalisme dans la conquête des marchés africains. Parallèlement à cet imaginaire du développement rapide, on a mis en branle la construction non moins imaginaire de la personnalité arabo-islamique pour servir de plateforme idéologique au nouvel  État-Nation conquérant. On connaît les suites de ce double imaginaire dont les effets pervers convergent dans une tragique et interminable guerre civile. »

In Humanisme & islam, combats et propositions ( Editions Barzakh , Alger 2016)

 

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In La question éthique et juridique dans la pensée islamique, Paris, Vrin, 2005, Alger, Baezakh 2016.

 

Ibn ‘Abd al-Wahhab (1703-1792) et E. Kant (1724-1804) sont chronologiquement des contemporains, mais tout les sépare intellectuellement, culturellement, scientifiquement, religieusement. Nous sommes au XVIe siècle: pour le premier, la religion est non seulement un impensable et un impensé dans le sens où elle l’est pour la première fois avec le second ; mais l’islam qu’il enseigne à ses contemporains et qui deviendra la version officielle d’un islam mondialisé grâce aux pétrodollars, est le résultat d’un lent processus social-historique d’oublis, d’éliminations, de restrictions, de prohibitions, de ritualisations développés depuis les XIII-XIV° siècles.
Le pluralisme doctrinal et les ouvertures scientifiques et humanistes de l’islam classique (VIII-XII) laissent place à l’islam scholastique, confrérique, populaire, fragmenté en groupes sociaux refermés sur eux-mêmes (millat), avec des pouvoirs locaux affaiblis. C’est l’islam du Hijâz appauvri intellectuellement et culturellement par rapport à celui de la longue lignée de l’école hanbalite qui, au XIIIe siècle, avait encore des représentants éminents ouverts à l’adab comme éducation et culture séculière. Parallelement, en ce XVIII siècle revolutionnaire dans l’Europe des Lumières naissantes, Kant inclut la religion et Dieu dans la quête philosophique critique, sans annuler nécessairement le long travail accompli par la raison théologique dans la tradition chrétienne. L’œuvre de Kant subvertit les usages de la raison antérieure à lui en renouvelant le statut cognitif et les tâches de ce qu’il a appelé la Raison pure et la Raison pratique ; il y ajoute la raison théologique dans un livre intitulé La Religion dans les limites de la raison. Qu’ont fait l’islam saoudien de la soi-disant réforme de ‘Abd al-Wahhab et le christianisme européen de l’héritage de Kant ?
Cette comparaison ouvre des horizons de sens et d’intelligibilité ignorés jusqu’ici des trois religions monothéistes et pas seulement de l’islam actuel, dans sa version malmenée, instrumentalisée, prise en otage concurremment par les Partis-États et les mouvements d’opposition radicaux. C’est cet avatar idéologique qui irrite et nourrit les rejets de beaucoup d’Européens. Cela nous renvoie aux problèmes signalés déjà sur foi et raison et raison et foi qui sont loin d’être pris en charge tant les polémiques et les passions dominent chez tous les protagonistes. La persistance de la violence politique au sein de plusieurs sociétés dites musulmanes renforce l’idée d’une religion particulièrement marquée par l’appel permanent au Jihâd compris et vécu comme guerre juste, comme riposte prescrite par Dieu aux formes changeantes de la domination de l’Occident. Cette « logique théologique  » lapidaire  nourrit en même temps la fantasmagorie du Modèle islamique de production  de l’histoire universelle des hommes.
Mohammed Arkoun, in La question éthique et juridique dans la pensée islamique, Éditions Barzakh Alger 2016.

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LES MEDIATEURES DE LA PAROLE DE DIEU

Les médiateurs qui barrent aux fidèles tout accès direct aux textes sources de la Parole de Dieu ont commencé à se multiplier dès le IIIe-IVe/IXe-Xe siècles, quand les maîtres fondateurs des écoles théologiques, exégétiques, juridiques deviennent des maîtres éponymes médiatisés eux-mêmes par des élèves, des commentateurs, des répétiteurs qui s’éloignent avec le temps de la créativité intellectuelle des maitres fondateurs comme Malik b. Anas, Ibn Hanbal, Abû Hanîfa, Ash-Shâfi’î, Ja’far al-Sâdiq, Tabari, Al-Ash’ari, etc.

[…]

Revenons aux médiateurs qui font toujours écran entre les fidèles et les textes sources. Ils ont considérablement changé par rapport à ce qu’ils ont été jusqu’aux années 1930-1940. Car ils ont perdu l’innocence de la croyance propre aux cultures orales anciennes. Le mensonge politique s’est étendu au discours religieux à partir de la révolution dite islamique en Iran. Les stratégies cyniques de Khomeiny pour prendre le pouvoir en Iran ont profondément perverti l’éthos religieux de l’islam imâmiste. L’islam wahhabite saoudien n’est pas en reste en termes de mensonges politiques pour travestir la désacralisation irréversible de l’islam dans son ensemble. La subversion officielle de ce qui reste de l’islam comme « religion » est parachevé avec les carnages de l’Afghanistan, du Soudan, d’Algérie, sans parler de la terreur généralisées par des attentas ravageurs. Ce que j’appelle subversion officielle englobe tout les régimes rassemblés dans la conférence des États dits islamiques, tous ceux réunis dans la Ligue arabe, mais aussi les partenaires permanents de ces États en Occident.

[…]

En parlant de générations de médiateurs de la Parole de Dieu au sein de la Communauté croyante, je vise en fait les sociétés. Mais il est difficile de cerner le concept de société au temps des empires, et il n’est pas plus facile de le faire sous le règne des États postcoloniaux. La notion de société civile émerge ici ou là, mais elle est fragile et éphémère face à des régimes qui ignorent même la notion d’État de droit sans lequel la société civile ne peut jouer pleinement le rôle de vis-à-vis démocratique dont les droits sont opposables à ceux des États oublieux de leurs obligations à l’égard des peuples souverains.
Cette situation politique et juridique empêche de cerner les responsabilités de ce fragment minoritaire des sociétés qui parle au nom de l’islam, le prend en otage pour renverser les régimes en place et les remplacer par un régime dit islamique dit authentique, originaire, ancré dans la Parole littérale de Dieu, en gommant bien sûr tout ce que je viens d’expliquer sur le rôle historique et social des médiateurs. Pire encore, ces fragments désignés comme des fondamentalistes radicaux nient qu’ils agissent eux-mêmes comme des médiateurs dogmatiques qui subvertissent l’essence et la vocation spirituelles de l’islam pour en faire un étendard idéologique visible dans le monde entier  dont la première mission est la destruction de l’Occident et de ses alliés musulmans ! Ils s’autoproclament comme des acteurs qui incarnent la Parole de Dieu et donc les soldats défenseurs de la Religion Vraie ( Din al -Haqq ) voulue, agréée par ce Dieu même pour tous les hommes.

Mohammed ARKOUN, in  » LectureS du Coran « , Éditions Sédia, Alger 2016.

 

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In De Manhattan à Bagdad. Au-delà du bien et du mal (coécrit par Mohammed Arkoun et Joseph Maïla).

À chaque attentat terroriste islamiste en Europe, des intellectuels musulmans, à l’instar des ‘oulama (pluriel de alim, qui signifie savant en langue arabe), et d’une seule voix, nous rabâchent les oreilles avec leur « pas d’amalgames », « ça n’a rien à voir avec l’islam », « ce n’est pas ça le vrai islam ». Un discours repris par la masse inculte bien évidemment. Dans ce passage, le philosophe M. Arkoun, fustige les intellectuels musulmans, qui veulent rendre l’islam anhistorique, une épure spirituelle et universelle, sans aucun rapport avec le terrorisme islamiste, et dans ce cas, rien ne les  différencient des ‘ulama, gardiens de l’orthodoxie.

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Pour évoquer l’histoire de l’Islam, le philosophe Mohammed Arkoun, parle du « fait coranique » et du « fait islamique ». Le premier, c’est la période de la descente du Coran, de 610 jusqu’à 632. Puis commence la période du fait islamique, qui va s’étendre sur plusieurs siècles, et c’est cette période qui représente la construction humaine de l’islam (essentiellement pendant le règne, des Omeyyades et des Abbassides). Une construction humaine et historique, faite à partir du Texte fondateur (le Coran) et de la « tradition prophétique »

De son côté, le Dr Moreno al Ajamî disait « l’islam et de toute évidence le fruit d’une élaboration humaine, il résulte d’une réflexion menée à partir de matériaux de la Révélation et de la tradition mêlée des hommes. »
Note :
Le Dr Moreno al Ajamî, est ; médecin français, théologien et doctorant en Études Arabes et Islamiques, converti à l’islam.

In La construction humaine de l’islam. Entretiens avec Rachid Benzine et Jean-Louis Schlegel. (Paris, Éditions Albin Michel, 2012, Alger, Éditions Hibr 2013)

 

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DE LA CONDITION FÉMININE EN CONTEXTES ISLAMIQUES (2)

« Pour mieux comprendre ce que j’entends par « libérations immédiates », prenons l’exemple du Maghreb comme lieu de construction de la société civile. Il s’agit d’identifier d’abord les stratégies d’insertion, d’intervention, de cet acteur marginal que se trouve être la femme, perpétuelle mineure, quasi-sujet, quasi-individu, quasi-citoyen, « esclave de l’esclave » dans une société soumise au régime du néopatriarcat, du sharaf al-nasab (« honneur de la lignée »), et du sharaf al-hasab (« noblesse du mérite »), compliqué, aggravé par les nouvelles catégories professionnelles ou classes sociales émergées après les indépendances. Nous n’avons pas une socio-anthropologie précise des forces sociales et des systèmes culturels de représentation et d’action qui ont occupé les instances et les positions clés du pouvoir dans toutes les sociétés où l’islam est revendiqué comme le Référent ultime et contraignant pour tous les acteurs sociaux. Si le Maghreb, comme toutes les autres sociétés du Sud, s’ouvre à l’économie de marché et à la concurrence mondiale, les femmes continuent d’intérioriser les interdictions, les tabous, les dominations comme des valeurs constitutives de la mahsana, la « femme libre », c’est-à-dire obéissante à l’ordre masculin, largement exclue de la vie politique, voir de tout l’espace public, attachée à la reproduction et au gardiennage des enfants ; en un mot « propriété » du mari qui peut, doit la battre en cas de rébellion déclarée. Comment s’en sortir ? »

In Quand l’islam s’éveillera (livre posthume), chapitre La condition féminine en contextes islamiques. (Paris, Albin Michel 2018, Alger Hibr Éditions 2019)

 

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DE LA CONDITION FÉMININE EN CONTEXTES ISLAMIQUES (1)

« Il faut cependant descendre dans tous les contextes islamiques où la loi dite divine est transformée par les factions en lutte pour le pouvoir, en instrument d’asservissement des corps, des cœurs et des esprits pour atteindre des objectifs profanes travestis en idéaux spirituels et moraux. Telle est la perspective de pensée et d’action dans laquelle il faut désormais inscrire toutes les luttes pour la libération immédiate et les promotions à plus long terme de la condition féminine en contextes islamiques. »
À suivre…
In Quand l’islam s’éveillera (livre posthume), chapitre La condition féminine en contextes islamiques. (Paris, Albin Michel 2018, Alger Hibr Éditions 2019)

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In De Manhattan à Bagdad. Au-delà du bien et du mal. (Desclée de Brouwer, 2003, Éditions Frantz Fanon 2016)
Coécrit par Mohammed Arkoun et Joseph Maïla
Un échange entre « un historien critique de la pensée islamique et de la modernité européenne, et un géopolitologue » (M. Arkoun, dans l’avant-propos du livre).
Note :
Les mots : (valeurs, spiritualité, foi, tradition), en italique dans le texte original.

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In Quand l’islam s’éveillera, chapitre : repenser l’islam aujourd’hui.
Paris, Albin Michel 2018, Alger, Hibr Éditions 2019

Dans ce passage, le philosophe Mohammed Arkoun souligne le rôle des religions dans la vie humaine, qui fournissent des réponses « imaginatives » à des problèmes « permanents » en mobilisant « l’imaginaire social » avec des croyances, des explications mythiques et des rites. Car le religion, explique l’invisible et le mystère, chose que la science ne peut faire. Dans ce passage, il ne s’agit pas d’une comparaison entre la science et les religions, mais Arkoun, met en évidence la force du religieux dans l’existence humaine. Pour SCHOPENHAUER, la religion est nécessaire pour la masse ou la foule, et tous ceux qui ne peuvent penser ou philosopher.

Pour SCHOPENHAUER,  » elle est appréciable en tant que métaphysique populaire, elle satisfait les besoins spirituels de tous ceux qui ne peuvent comprendre ou supporter la vérité nue, c’est-à-dire la philosophie ». Pour le philosophe allemand, la religion est un mal nécessaire, une  » béquille » pour soutenir la faiblesse maladive de l’esprit humain.

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« Les États-Nations issus des luttes de libération nationale ont  introduit dans le système éducatif, c’est-à-dire l’école officielle, un enseignement de l’islam non seulement soustrait à tout examen historique critique, mais coupé des ressources intellectuelles de la pensée islamique classique dans sa période pluraliste (qu’on considère comme allant de 661, soit l’avènement de l’Empire, à 1198, année de la mort d’Ibn Rushd, Averroès). Le fameux slogan qui énonce péremptoirement que  » l’Islam est toujours également valable en tout temps et en tout lieu » (sâlih fî kulli zamân wa-kulli makân) souligne clairement l’annulation de toute historicité de la compréhension, l’interprétation, l’application de ce qui est globalement nommé islam avec un I majuscule dans ce cas. Selon cette conception, l’islam comme système de croyances et de non-croyances – celles-ci étant aussi décisives que celle-là dans la définition de la foi orthodoxe – est déjà entièrement énoncé dans le Coran ; les disciplines nommées usûl al-dîn et usûl al-fîqh venues renforcer l’annulation d’une historicité qui pourtant était reconnue, au moins comme développement chronologique linéaire, dans la littérature historiographique, la recherche des circonstances de la révélation (asbâb al-nuzûl) et la critique du Hadîth. Le Coran lui-même a introduit sans le nommer l’idée riche d’historicité de la norme religieuse en parlant d’abrogation de versets par des « versets meilleurs » (al-nâsikh wa-l-mansûkh). Cette remarque est importante pour réfuter, aujourd’hui, le dogme de l’intangibilité des normes juridiques définies par des juristes en des temps et des contextes socioculturels sans rapports avec les nôtres aujourd’hui. »

Mohammed Arkoun, in Quand l’islam s’éveillera (livre posthume). Paris, Albin Michel, 2018, Alger, Hibr Éditions, 2019

Commentaire :
Le philosophe Mohammed Arkoun, observe que l’enseignement de la religion islamique dans l’école officielle, est totalement déconnecté de la pensée islamique classique et, est considéré comme anhistorique. On comprend aisément la nécessité de situer l’enseignement de l’islam dans un cadre historique critique afin de sortir des clôtures dogmatiques, de la mytho-histoire, de la mystification et la déshumanisation du passé qui peuvent avoir de graves et terribles conséquences (la violence islamiste, la pauvreté intellectuelle et cognitive du monde dit musulman etc). Arkoun, critique également le slogan fantasmatique cher aux islamistes « l’Islam est toujours également valable en tout temps et en tout lieu », qui « annule toute historicité de la compréhension, de l’interprétation et de l’application de ce qui est globalement nommé islam, avec un I majuscule dans ce cas. »

Pour remédier à cette situation, il est important de réfuter « le dogme de l’intangibilité des normes juridiques, définies par des juristes dans des temps et des contextes socioculturels sans rapport avec les nôtres aujourd’hui. ». Il est donc nécessaire de remettre en question ces normes juridiques qui ont été définies dans le passé, et les replacer dans leur contexte historique et anthropologique.

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En 2016, l’anthropologue et historienne Jacqueline Chabbi, dédia son livre  » Les trois piliers de l’islam, lecture anthropologique du Coran » (Le Seuil 2016), au penseur et philosophe Algérien #MohammedArkoun. Voici ce qu’elle écrivit :

« Lire autrement pour dépayser nos certitudes. Ramener la parole coranique à son origine non pas pour la figer mais pour en mieux comprendre le cheminement à travers les interprétations successives qui ont construit l’islam, de manière improbable, au fil des siècles et des territoires.

Je dédie ce livre à celui qui a été d’abord l’un de mes premiers professeurs, avant qu’il ne m’appelle à le rejoindre à l’Université qui était encore un peu – ce qu’elle n’est plus – celle des derniers grands orientalistes qui furent nos maîtres communs. Déchiré entre les traditions séculaires du Maghreb de sa naissance, les impasses du présent et son désir fou de rendre mieux intelligible leur passé aux fils de l’islam d’aujourd’hui, Mohammed Arkoun (1928-2010) a tenté toute sa vie de faire que les hommes de ses racines deviennent autres tout en restant eux-mêmes. »

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Dans ce passage, Mohammed Arkoun, pointe du doigt le risque que présentent les religions, à savoir celui de vivre dans des  anachronismes. Autrement dit, les religions peuvent se figer dans des visions du monde dépassées ou obsolètes qui ne tiennent pas compte des évolutions historiques, sociaux-culturelles et scientifiques. Pour Arkoun, la croyance peut être régressive lorsque la raison est laissée de côté, et que la religion se transforme en pure représentation, voire en fantasmes sur le passé. Et c’est exactement le cas de l’islam d’aujourd’hui : Un « islam imaginaire et imaginé » (M. ARKOUN). Cela peut conduire à une forme d’obscurantisme qui rend difficile, voire impossible, toute évolution ou toute adaptation de la religion aux changements de la société. En revanche, lorsque la religion est capable de s’adapter à son environnement en intégrant les nouvelles réalités et les nouvelles connaissances, elle peut se montrer porteuse de sens pour les individus et les communautés. Tout, doit obéir aux connaissances modernes des sciences humaines, car l’islam n’est pas une exception. Tout, doit être historicisé, y compris le texte coranique. Et toutes les approches d’études doivent être des approches scientifiques (historico-critiques, anthropologiques, linguistiques, sociologiques, etc) . Donc, il est impératif que nous fassions preuve d’une réflexion critique et d’une ouverture d’esprit, pour ne pas être les otages des clôtures dogmatiques, asservis à un dogmatisme qui tue toute démarche d’une réflexion critique.

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Le philosophe #MohammedArkoun, disait dans LectureS du Coran (Éditions Albin Michel, 2016.) « L’invocation constante du Coran dans la vie quotidienne des musulmans contemporains ne signifie pas qu’il remplit effectivement la fonction d’Instance suprême de l’autorité divine indépendante des initiatives des fidèles en tant qu’acteurs sociaux nombreux, divers et souvent prédateurs. Ce sont ces acteurs qui le font parler à tort et à travers et lui font absoudre des initiatives et des conduites qu’aucune morale au monde ne peut accepter aujourd’hui. »

Jacqueline Chabbi – Les mots du Coran, anthropologue et historienne, in Les trois piliers de l’islam (Éditions du Seuil, avril 2016)
« Le Coran est placé depuis quelques décennies au centre d’une actualité souvent dramatique. Ce n’est évidemment pas l’objet livre, un petit volume contenant le texte coranique, bien moins épais que la Bible, qui s’est mis de lui-même au cœur des débats actuels. Ce n’est pas le Coran qui parle et encore moins qui agit. Ce sont les hommes qui se réfèrent à son texte, musulmans ou non-musulmans, qui sont les acteurs de cette mise en scène. Ce sont eux qui parlent et agissent en proclamant pour certains qu’ils le font au nom du Coran et, pour d’autres, contre lui. Ce sont les hommes d’aujourd’hui, et non le texte en soi, qui sont responsables du sens qu’ils divulguent et au nom duquel ils disent légitimer leur action.»
Commentaire :
Le Coran, étant un texte sacré pour la communauté musulmane, est souvent au centre de débats et de controverses dans les médias et dans la société en général, en raison de passages qu’on peut qualifier de belliqueux. Mais il est important de rappeler que le Coran en soi n’agit pas, ce sont les êtres humains qui s’en réfèrent et qui agissent en son nom.
De plus, il est essentiel de prendre en compte le contexte historique, culturel et social dans lequel le Coran a été révélé, et interprété au fil des siècles. Donc, une lecture historique critique est essentielle. Rien n’est immuable. Il faut donc contextualiser le Coran.

 

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« Je souhaite ici calmer les refus véhéments de ceux qui croient
défendre la « foi », les enseignements « sacrés » de Dieu, en s’opposant radicalement aux investigations scientifiques que poursuivent, de toutes façons, les chercheurs de toutes
appartenances culturelles et confessionnelles. Les musulmans ne peuvent rester plus longtemps en retrait par rapport à cet élan universel de la pensée scientifique vers de nouveaux modes d’intelligibilité et d’appropriation du réel. Car c’est à cela finalement que conduit une reprise critique de tous les fondements (uṣūl) de
la pensée islamique en commençant, bien sûr, par le Coran lui-même. »
In Lectures du Coran (Albin Michel, 2016)
Commentaire
Le philosophe, M. ARKOUN, exprime le souhait de voir les musulmans embrasser l’élan universel de la pensée scientifique, en reconnaissant que cela peut conduire à de nouveaux modes d’intelligibilité et d’appropriation du réel, et une recherche de sens de l’existence humaine.
Arkoun, encourage les musulmans à ne pas rester en retrait par rapport à la pensée scientifique, mais plutôt à s’engager dans une reprise critique de tous les fondements de la pensée islamique, en commençant par le Coran lui-même.
Car, cette critique de la pensée islamique et de tous ses fondements ( اصول الدين), se fera avec eux, ou sans eux.

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« Cumulant l’arrogance idéologique et les ignorances les plus scandaleuses, la plupart des régimes postcoloniaux ont aggravé les processus de régression sociale, intellectuelle, culturelle et politique dans les pays qu’ils sont censés libérer.»

In La pensée arabe (PUF, 2012, publié auparavant, dans la collection « Que sais-je ? ».

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« L’islam universel n’existe pas ; et, si l’on prétend qu’il l’est, il faut d’abord répondre à des questions critiques. Par exemple, dans le Coran, les musulmans peuvent lire l’apostrophe fréquente : « Ô hommes ! Ô gens ! » On prétend que l’interpellation est universelle, destinée à tous les hommes. En réalité, on est toujours dans le ‘îlm coranique, on « nage » dans la transcendance. L’implicite de cet impératif d’un locuteur non nommé (mais supposé être « Dieu » ou le Prophète) serait en effet celui-ci : « Vous êtes un fragment de l’humanité. » Or, quand on lit le texte avec la foi et le désir d’étendre ce que dit le Coran à l’humanité entière, on met de côté la figure rhétorique de cet impératif : il s’adresse en effet aux gens qui sont concrètement là, qui écoutent la prédication du Prophète. Alors que le lecteur d’aujourd’hui croit qu’il est question de la foi de l’humanité entière, le discours oral, en réalité, s’adresse à l’auditoire très restreint et concret des habitants de La Mecque ou de Médine touchés par la parole du Prophète ! On « rétroprojette » le désir actuel d’un enseignement universalisable. On parle sans précautions d’« universel » – car on prétend ou on souhaite rencontrer l’universel de la parole de Dieu, la parole d’un Être que l’on devrait qualifier d’actif plutôt que d’universel : en réalité, il est au-delà de l’universel – qui n’est qu’une projection. »

Mohammed Arkoun, in La construction humaine de l’islam. Entretiens avec Jean-Louis Schlegel et Rachid Benzine (Alger, Hibr Éditions, 2013).

 

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« […] bien sûr qu’il n’y a pas de fonction semblable à celle du pape, bien que dans l’islam actuel, il y ait Al Qardaoui qui tient cette place, à travers Al Jazira.
L’essentiel, aujourd’hui, est ailleurs pour nous : il y a une « opinion dominante musulmane » soutenue par les États, et pour lui donner de l’audience, il existe cette chaîne de télévision, Al Jazira, qui reprend comme une « information » le discours officiel des États : nous sommes dans un universel potentiel ou prétendu tel, très difficile à dépasser – et ce n’est pas dans les médias arabo-musulmans que l’on va analyser l’état des lieux dans le monde arabe actuel. Cette opinion dominante politique et relayée par les médias rend inaudible et risquée toute voix discordante, et toute réforme très périlleuse. Par exemple, dans ce contexte, SI MOI ARKOUN QUI NE BÉNÉFICIE D’AUCUNE FORME DE SOUTIEN DANS L’IMMENSE IMAGINAIRE QUE CONSTITUENT PLUS D’UN MILLIARD DE MUSULMANS SUR LA PLANÈTE, JE FAIS UNE DÉCLARATION INTEMPESTIVE DE MES CONVICTIONS SUR LA CHAINE Al JAZIRA, CE MILLIARD VA AUSSITÔT M’ÉCHAPPER ET NON PAS POUR ME SOUTENIR.
Mohammed Arkoun, in La construction humaine de l’islam. Entretiens avec Jean-Louis Schlegel Rachid Benzine (Paris, Albin Michel, 2012, Alger, Hibr Éditions, 2013)

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Mohammed Arkoun, à propos du merveilleux

LE « MERVEILLEUX » EST DONC UN CONCEPT, OU UNE CATÉGORIE INTELLECTUELLE ?

Oui, mais on pourrait désigner de même d’autres mots proches (le « divin », le « surnaturel » …). Je l’ai précisé dans mes travaux sur le Coran : le merveilleux est une catégorie psycho-littéraire qui parle, dans le récit, de puissances surnaturelles, de miracles, de situations extraordinaires qui permettent par la suite de fabriquer les figures. On le trouve dans les romans, mais aussi dans les constructions de la croyance en général qui, pour présenter leurs figures de référence, font intervenir le merveilleux. Pensez tout simplement à Abraham : dans les récits bibliques où il intervient, il n’est pas sûr du tout – il est même peu probable et même il est, disons-le, exclu – qu’il corresponde à une personne physique quelconque, à quelqu’un qui a réellement existé. C’est le type d’une « figure », construite après coup et renvoyée à un temps très lointain, avec des récits divers agglutinés pour constituer un ensemble cohérent auquel adhère l’ensemble des croyants monothéistes. Avec Jésus de Nazareth et Muhammad Ibn Abdallah, nous sommes dans des époques dites « historiques », et en général on considère que ce sont deux humains qui ont vraiment existé. Mais, quoi qu’il en soit, ce sont deux personnages qui ont été reconstruits merveilleusement, dans un monde magique, où le miracle ne posait pas problème. Dans les deux cas, le merveilleux a recouvert l’histoire.

Mohammed Arkoun, in La construction humaine de l’islam. Entretiens avec Jean-Louis Schlegel et Rachid Benzine (Alger, Hibr Éditions, 2013).

 

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« J’OFFRE CETTE LONGUE ET EXIGEANTE RÉFLEXION À L’ALGÉRIE BRUTALEMENT INTERROMPUE DANS SON ÉLAN VERS UN DESTIN HISTORIQUE PARADIGMATIQUE : CELUI DONT PARLE CHACUNE DE CES PAGES INSPIRÉES PAR L’INDÉFECTIBLE ATTACHEMENT AU REMEMBREMENT INTELLECTUEL, CULTUREL, SPIRITUEL ET POLITIQUE DE TOUT L’ESPACE MÉDITERRANÉEN. »
Mohammed Arkoun, in Humanisme et islam. Combats et propositions. (Paris, Vrin, 2005, Alger, Barzakh, 2016).
Dans l’ensemble de ses travaux, le philosophe Mohammed Arkoun n’a jamais dédié aucun de ses livres à une personne en particulier. Cependant, il a exprimé sa dédicace à l’Algérie, son pays, dans son livre « Humanisme et islam. Combats et propositions, Alger, Barzakh, 2016 ». Il avait un fort attachement à l’Algérie. Cependant, les dirigeants de son pays ont permis à des idéologues étrangers de prendre le contrôle de l’ordre religieux en Algérie. Al Ghazali, célèbre idéologue des Frères musulmans, est devenu, dans les années 80, le gardien de l’orthodoxie en Algérie. Dans une interview accordée à Berbère TV, Mohammed Arkoun raconte comment l’idéologue des Frères musulmans, M. El Ghazali, l’a qualifié de « kafir » (apostat), lors d’un séminaire sur la pensée islamique à Béjaïa, ville côtière à l’Est d’Alger. Le grand penseur a été chassé de son propre pays par des étrangers, oublié après sa mort par les dirigeants algériens, et le résultat, c’est le roi du Maroc qui s’est chargé de ses funérailles (son épouse était une marocaine). L’ignorance, l’indigence, la misère et la pauvreté intellectuelle du régime du président Chadli Bendjedid (1929-2012), son « copinage » avec les islamistes (al Ghazali & co), ont fait que le grand philosophe Mohammed Arkoun soit aujourd’hui enterré au Maroc, loin de son Algérie et de sa Kabylie natale.PS
On ne fait pas de politique, on pense l’espace maghrébin, comme nous l’a enseigné le grand philosophe Mohammed Arkoun, un espace « culturellement continu ». On n’a aucune animosité envers le peuple marocain. Voilà, pour être clair.

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