Islamisme

L’Arabie saoudite et le wahhabisme : matrices du totalitarisme islamiste

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Salafisme et wahhabisme

A la fois héritière des Frères musulmans et du wahhabisme saoudien, la mouvance salafiste moderne (salafiyya) a pour but de revenir aux fondements mêmes de l’islam des « pieux ancêtres » (As-Salaf ou Salafiyyoun), c’est-à-dire à la lettre même du Coran et de la Sunna. La méthode salafiste repose sur deux fondements essentiels que sont le principe ultra-monothéiste du tawhid, l’unicité absolue, et de la tazkiya, la purification par l’adhésion aux ordres d’Allah (adoration, soumission à Dieu et dévotion totale).

Rejetant toute forme d’innovation (bidaà) et d’associationnisme (churk), la salafiyya considère que ce qui est advenu après les quatre premiers califes dits rachidoun (“ bien guidés ”), après le VIIIème siècle, est faux et blâmable (bidaà). La lettre du Coran et les hadith sont donc les seules sources possibles de juridiction. Les Salafistes veulent rétablir le Califat (à l’instar de Da’ech qui n’a rien inventé), après avoir réislamisé et détruit les nations (« musulmanes apostates ») qui « divisent » artificiellement la Oumma islamique mondiale. Ils veulent appliquer partout la charià, une fois les sociétés du monde entier islamisées, de gré ou de force, à commencer par les pays arabo-musulmanes, y compris la péninsule arabique, “ occupée ” par des Infidèles occidentaux depuis la Guerre du Golfe.

Le centre de diffusion mondiale du salafisme est Médine, où les jeunes salafistes du monde entier viennent suivre des sessions de formation. Ce sont d’ailleurs des prédicateurs formés à Médine que nos dirigeants occidentaux ont laissé séjourner en Europe et aux Etats-Unis depuis les années 1970 pour y prêcher la haine envers la « mécréance », le repli communautariste et le refus de l’intégration des musulmans aux valeurs « impies » de nos sociétés. Aujourd’hui, la mode salafiste conçue en Arabie saoudite inonde le web, et les prédicateurs salafistes qui fanatisent les prisons et les quartiers sensibles, qui ont la nationalité du pays d’accueil, ne sont plus expulsables vers Médine, comme cela était le cas dans les années 1970-1990. Le vert de l’islamisme est durablement incrusté dans le fruit peut être trop mûr des démocraties occidentales complexées et compromises.

La salafiyya est divisée entre, d’une part, les « piétistes » et les partisans d’une solution subversive d’expansion par étapes et prosélytisme pacifique, et, d’autre part, ceux qui prônent le djihad systématique (« djihadisme », version islamiste de la révolution mondiale permanente des Trotskistes) contre les Infidèles et les « mauvais musulmans ». Fondamentalement transnational, le salafisme traverse la plupart des pays musulmans, de l’Algérie à l’Afghanistan en passant par le Yémen et les territoires occupés. Plus qu’une organisation structurée, il s’agit plutôt d’une nébuleuse qui relie à travers tous les pays du monde – y compris les Etats-Unis – des réseaux et groupes de toute nature, violents ou non, et qui partageant une même foi en l’islam « pur des origines » à restaurer partout, dans l’optique finale de soumettre le genre humain aux lois d’Allah.

Wahhabisme salafiste et terrorisme

Outre l’Arabie Saoudite dont elle est originaire, la salafiyya est essentiellement active sous sa forme « pacifique » au Qatar (officiellement wahhabite comme l’Arabie saoudite), au Koweït, où elle est représentée au Parlement, comme dans l’essentiel de la Péninsule arabique, sauf à Oman, qui est dirigé par une dynastie non-sunnite (kharidjite) ; elle émerge au Liban (Uzbat al Ansar), elle agit sous ses deux formes soft et djihadiste dans tout le Maghreb (ex-FIS, GIA, Hamas, GSPC, Takfir, Front Islamique Tunisien – FIT – qui publie à Londres le bulletin Ar-Raja’a etc), elle a effectué une percée surprenante en Libye, en Tchétchénie (mouvance Al Khattab, Oudogov et Bessaïev, principalement) depuis les années 1990 ; en Malaisie et en Indonésie, puis en Afrique noire (Tchad, Nigeria, Somalie, etc) et au Pakistan – à travers « l’Armée des disciples du Prophète », Sepah-i-Sahaba (SSP). Elle influence d’ailleurs l’école indo-pakistanaise des Déoband, également dominante en Afghanistan, puis elle progresse depuis une vingtaine d’années en ex-Yougoslavie, en Asie centrale et en Occident, l’Amérique latine semblant être aujourd’hui le seul continent encore épargné.

Les prédicateurs salafiste/wahhabites libres d’actions en Europe et aux Etats-Unis

On retrouve des prédicateurs salafistes dans tous les pays d’Europe occidentale, partout où existent des fortes communautés musulmanes sunnites, de la Belgique à la France en passant par les Pays-Bas ou la Grande Bretagne, l’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et les pays scandinaves. En région parisienne comme à Londres, les deux tendances salafistes existent, « pacifique », majoritaire, et djihadiste-terroriste, minoritaire. La plus « modérée », dite « cheikhiste », liée aux prédicateurs (cheikhs) saoudiens, en pleine expansion en Europe, recrute surtout auprès des anciens adeptes du mouvement fondamentaliste piétiste Tabligh (tendance indo-pakistanaise). Cette tendance est notamment représentée par le cheikh Aboubaker al-Djazaïri, « savant » de Médine qui se rend souvent en France depuis des décennies – et où il n’a jamais été inquiété par les autorités malgré ses prêches et écrits subversifs, anti-juifs violents (incitation au djihad armé, voir infra).

Dans son ouvrage La Voie du musulman également en vente libre, Aboubaker al-Djazaïri écrit qu’il « est du devoir des musulmans, […] de se doter de toutes sortes d’armements et de se perfectionner dans l’art militaire, non seulement défensif, mais aussi offensif, pour que le Verbe de Dieu soit le plus haut […], d’édifier toutes sortes d’usines pour fabriquer tout genre d’armes, même au détriment de la nourriture, de l’habillement et du logement dont on peut se passer. Alors le djihad sera accompli dans les conditions les plus satisfaisantes » (p. 371-372). Ce cheikh algérien connu pour ses prédications à la mosquée du Prophète à Médine n’a jamais été déclarée persona non grata en Europe et continue à déverser dans les « banlieues  de l’islam radical » son venin totalitaire et djihadiste. Comme Youssef al-Qardaoui, idéologue vedette des Frères musulmans qui explique dans son ouvrage Le Licite et L’Illicite  comment battre sa femme ou tuer les apostats et les blasphémateurs, Djazaïri publie librement partout en Europe, ses livres incitant au djihad contre les Infidèles et enseignant la guerre et le meurtre sont en vente libre dans les FNAC de France ou sur Amazon. Djazaïri explique sans complexe que « le djihad contribue à éradiquer toute autre adoration que celle du seigneur » (p.263), qu’il a « pour finalité de prohiber toute autre adoration que celle de Dieu, l’Unique » (p.264). « Il faut que tous les musulmans, formant un seul ou plusieurs états séparés, s’équipent de toutes sortes d’armes. Ils doivent aussi se perfectionner et s’améliorer dans l’art militaire défensif et offensif, pour défendre ou attaquer au moment opportun pour que le verbe de Dieu triomphe » (p.267). « Avant d’entreprendre la guerre contre les infidèles, il faut les convier à l’islam, s’ils refusent on les invite à payer un tribut, s’ils refusent finalement, on recourt aux armes »  (p 269).  « Celui qui renie les décrets divins concernant la prière, le jeûne, le pèlerinage, l’obéissance aux parents ou le djihad est un renégat (…) Peines infligées aux renégats: Durant trois jours, on incite le renégat à renoncer à sa croyance et à demander grâce à Dieu, s’il n’accepte pas, il est passible de la peine capitale  » (p 395). Concernant la « tolérance religieuse », que les islamistes exigent en Europe à leur profit et à sens unique, Djazaïri est plus que clair : « Le Prophète est formel: « On ne doit ni édifier d’églises en terre d’islam ni les restaurer » (p 271). « Dieu veut que les musulmans exterminent les polythéistes sans leur donner l’avantage d’être considérés comme prisonniers » (p 274). Concernant l’apostasie, Djazaïri écrit également ; « Le Prophète dit: « Tuez celui qui renie sa religion » (p 394). Last but not least, on peut également lire dans le chapitre consacré aux « peines légales » que les homosexuels doivent être tués, etc.

Des centaines de jeunes musulmans européens étudient chaque année dans les Universités de Médine ou dans des centres salafistes wahhabites implantés en Egypte, au Pakistan, et même en Europe avec des personnages comme Jazairi. Ils en reviennent fanatisés et auréolés de l’image valorisante du « savant ». Nombre de congrès salafistes d’envergure sont organisés également en Europe, ceci en toute légalité, notamment en Belgique, la capitale européenne du salafisme avec la Grande-Bretagne (Leicester).

En France, les renseignements intérieurs font état d’une croissance du nombre d’imams de plus nombreux dans des mosquées. Une note interne de la DGSI s’inquiète ainsi de « la multiplication des prises de contrôle des mosquées par des imams salafistes» et « dénombre désormais 25 salles de prière radicales en Île-de-France, 22 dans la région lyonnaise et 13 à Marseille. On dénombre par ailleurs 5000 salafistes en Île-de-France, soit dix fois plus qu’il y a dix ans». Les villes moyennes ne sont pas en reste, puisque de petites villes comme Vitrolles, Alès ou Brest ont vu des mosquées ayant pignon sur rue passer progressivement sous contrôle salafiste. Au delà des mosquées, le salafisme se répand de façon exponentielle par internet et par des séminaires « d’Etudes islamiques » qui sont par exemple régulièrement organisés à Roubaix, Lyon, Puteaux, Mantes la Jolie, Argenteuil, etc, depuis les années 1990, ceci dans l’indifférence quasi générale. Les médias et les politiques ne semblent avoir pris la mesure de la portée de l’idéologie salafiste qu’après le choc des attentats parisiens de janvier et novembre 2015 et bruxellois de mars 2016 (puis à nouveau Nice en juillet 2016, etc). Mais leur prise de conscience, qui arrive trente ans trop tard, demeure de toute façon essentiellement incantatoire et liée à de la « com’ », car les déclarations lucides de certains dirigeants comme Manuel Valls sur le danger subversif des frères musulmans et des salafistes n’ont pas été suivies d’effets concrets et ces derniers continuent de fanatiser dans les écoles et centres islamiques, sur internet, dans les prisons, dans les banlieues et lors de congrès islamistes.

De Médine au djihad syrien ou africain

En dépit des distinctions entre « salafistes quiétistes » pro-saoudiens et « salafistes djihadistes », le wahhabisme dispensé par l’Etat saoudien demeure la source doctrinale majeure initiale de la mouvance salafistes-djihadiste qui a mis à feu et à sang nombre de contrées musulmanes et même des villes occidentales ciblées par les kamikazes. Pour ne prendre que des exemples parmi tant d’autres, les actions barbares commises par le Front al-Nosra ou Da’ech en Syrie ou encore AQMI ou Boko Haram en Afrique, comme l’excision des filles, le djihad armé, la prise du butin sur les « mécréants », les embuscades contre les infidèles, les châtiments corporels, les crucifixions « d’apostats » (chiites ou autres alaouïtes-alévis-druzes-yézidis, etc) ou encore les égorgements d’infidèles (sans oublier l’idée de la conquête islamique du monde et du mythe du Califat), trouvent une légitimation et une base légale dans les textes juridiques de l’école hanbalite-wahhabite (donc salafiste) qui règne sur les Lieux Saints de l’Islam en Arabie saoudite (voir infra, chapitre 3, « Les sources endogènes et exogènes du totalitarisme islamiste »). On retrouve en effet dans le wahhabisme l’origine profonde du fanatisme et de la sémantique même de mouvements Boko Haram, au Nigeria, dont le nom même signifie l’interdiction de tout qui est occidental et « impie », de tout « associationnisme » (alcool, stars, football, danse, musique, mixité, christianisme, athéisme, laïcité, etc), considéré comme une atteinte au tawhid et aux Lois de Dieu (charià). Cette vision inspire également les salafistes du Mali, de Somalie (les « Shabbab » et « Tribunaux islamiques »), et de Syrie ou d’Irak (Al-Nosra, Da’ech) pour condamner les «hérésies » que sont pour eux l’islam maraboutique africain ou le soufisme mystique puis en général tout apport « extérieur » à l’islam des « Salaf », assimilé à du paganisme-associateur (shurk).

Il n’est pas inutile de rappeler que Da’ech bénéficia, dans un premier temps, d’une aide importante de l’Arabie saoudite, en particulier via les réseaux du prince Bandar, placé à la tête des renseignements saoudiens du GID (Mukhabarat Al A’amah ou General Intelligence Directorate, en juillet 2012 jusqu’à son éviction en avril 2014.

L’Arabie saoudite, un Dae’ch qui a réussi

Ainsi, dans une tribune retentissante publiée par The New York Times, l’écrivain algérien Kamel Daoud, affirme pour toutes ces raisons que l’Arabie saoudite est un « Da’ech qui a réussi, Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre.

(…) On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daech ». Daoud dénonce aussi « l’immense pouvoir de transformation de télévisions religieuses » qui émettent ou sont financés depuis l’Arabie saoudite ou d’autres pays-phares du wahhabisme.

Rappelons tout de même que Riyad a procédé, durant la seule année 2014, à 87 décapitations pour des faits de droit commun (meurtres, « sorcellerie »…), 153 en 2015 et probablement autant en 2016 ; que ce pays pratique et rend obligatoire l’excision, que les « apostats » et blasphémateurs, notamment chiites, y sont condamnés à la décapitation suivie de crucifixion, et qu’aucune forme de liberté de conscience ou de religion n’est tolérée dans ce pays qui préside malgré cela une commission du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies….. La diffusion du salafisme par des prédicateurs et des médias saoudiens ou autres depuis les années 1970 a largement contribué à fanatiser nombre de musulmans français et européens qui sont depuis lors convaincus que le « vrai » islam prohibe la convivialité avec les «mécréants » non-musulmans.

Les instruments de diffusion du totalitarisme salafiste dans le monde

Grâce au contrôle des principaux instruments de propagation de l’islam sunnite dans le monde (lieux saints, institutions intergouvernementales, banques islamiques, « ONG d’Allah », réseaux de mosquées et de prédicateurs, télévisions islamiques, aides au développement conditionnées et investissements dans l’économie mondiale, manne pétrolière), Riyad est parvenue ces soixante dernières années, à favoriser une véritable « wahhabisation » du monde musulman, depuis l’Afrique jusqu’au Nord de la Chine, et à la Malaisie, en passant par le Machreq, et jusqu’à la plus prestigieuse université musulmane du monde sunnite, Al-Azhar, au Caire, sans oublier la Turquie post-kémaliste, jadis terre du soufisme, l’Indonésie, la Malaisie et le Pakistan, jadis séculiers et aujourd’hui foyers de fanatisme, ou encore les « banlieues de l’islam » d’Occident, etc. Les dégâts et l’efficacité extrêmes de ce virus idéologico-religieux obscurantiste fondé sur le dogme ultra-simpliste et totalitaire de l’unicité (tawhid), facile à faire admettre aux esprits faibles, mais qui justifie les penchants misogynes et violents et qui est accompagné de surcroît par des mannes financières considérables, sont visibles partout dans le monde musulman, exceptés peut être quelques rares régions d’Albanie ou du Kazakhstan où le communisme stalinien ont détruit le sentiment religieux, et bien sûr les pays musulmans et milieux non-sunnites (chiites, alaouites, alévis, druzes, etc).

Pour servir l’objectif d’islamisation-wahhabisation du monde, plusieurs organisations placées sous le contrôle direct du “ Vatican wahhabite ” saoudien, dispensent la considérable manne financière du royaume et ont pour mission de remplacer en quelques sortes le Califat aboli par Mustapha Kémal en 1924 (et que tous les islamistes sunnites rêvent de rétablir un jour ou l’autre, comme Da’ech) par un Califat virtuel, qui passe au préalable par le remplacement de tout système impie et laïque par la stricte charià:

– le Congrès du Monde Musulman, créé en 1926 à l’initiative du Pakistan mais financé par Riyad;

– la Ligue Islamique Mondiale, (Al Rabita al-alam el-islami), fondée en 1962 à la Mecque par Fayçal Ibn Abdel Aziz Saoud;

– l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI, voir infra), fondée à Rabat en 1969 et siégeant actuellement à Jeddah.

– l’Assemblée mondiale de la jeunesse musulmane (ou WAMY, World Assembly of Muslim Youth), fondée en 1972 à Jeddah, son siège. Son secrétariat est directement placé sous la direction du ministre des Affaires religieuses saoudien, garant du salafisme wahhabite.

– l’Institut du Roi Fahd, et une multitude d’autres associations caritatives et religieuses plus ou moins liées à la Ligue Islamique mondiale, à la WAMY ou à Riyad.

En Europe, la plupart de ces structures concentrent leurs efforts sur la réalisation des projets de Mosquées et Centres islamiques imposants (Londres, Rome, etc). A leur tour, ces organisations alimentent les différentes associations nationales, régionales, culturelles, humanitaires, etc, financent des brochures, organisent des colloques, séminaires et conférences, où se côtoient professeurs d’universités, responsables d’associations, imams, diplomates et émissaires wahhabites saoudiens ou koweïtiens. Elles diffusent également de nombreux Coran et opuscules destinés à la prédication religieuse (da’àwa) et à la propagande.

En guise de conclusion…

Tant que ces structures étrangères, qui, avec les pôles pakistanais, turcs, Frères musulmans, qataris, koweitiens, turcs et marocains continueront de contrôler l’islam de France et d’Europe et d’embrigader les jeunes pour leur inculquer une « désassimilation » et un repli communautaire au nom du refus de se conformer aux coutumes et règles des « mécréants », bombarder les positions des djihadistes en Irak, en Syrie ou au Mali ne servira à rien. Car la pire menace pour nos sociétés gangrénées de l’intérieur par des Etats et institutions islamiques ayant pour horizon la charià et qui ambitionnent de conquérir/islamiser l’Europe, n’est pas le jihadisme de Daech ou Al-Qaïda, certes, sanguinaire et auteurs d’attentats terribles, mais simple face immergée de l’iceberg islamiste. La menace doit être identifiée dans son ensemble, et elle ne vient pas que de ceux qui tuent nos concitoyens, mais, sur le plan idéologique, de l’ensemble des structures étatiques ou institutionnelles mondiales qui diffusent de façon communautariste, pacifiste, juridique (« jihad du verbe » ou « jihad by court »), l’esprit de la charià en toute légalité et avec l’imprimatur des réseaux diplomatiques officiels. Car la source idéologique et théocratique du jihadisme réside dans la charià, et celle-ci n’est ni remise en question ni réformée par les pôles soi-disant « modérés » qui prétendre encadrer religieusement nos concitoyens musulmans ainsi pris en otage par leurs pays d’origine ou d’autres. Il est temps que les pays européens reprennent en main leur islam et protègent leurs concitoyens musulmans de l’emprise d’Etats et organisations étrangers qui n’adhérent ni à nos coutumes et lois occidentales ni à la démocratie et au pluralisme religieux totalement bafoués chez eux. De ce fait, le Conseil Français du culte musulman, au départ conçu sous Nicolas Sarkozy (redevenu plus lucide depuis paraît-il) avec les Frères Musulmans qui obtinrent la part belle au grand dam des modérés, et qui est devenu depuis un champ de compétition entre deux Etats peu démocratiques qui bafouent la liberté de conscience chez eux : le Maroc et la Turquie d’Erdogan, est totalement délégitimé. Il n’a plus d’autres raisons d’être que de servir de relais aux intérêts et appétits de puissances d’Etats étrangers qui ne partagent pas nos valeurs et veulent en fin de compte contrôler leurs ex-ressortissants (pourtant devenus Français), sur notre prpore sol, sous le prétexte du religieux.

Par

Alexandre Del Valle géopolitologue et essayiste franco-italien

Source Atlantico

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